Définitions et origines

La sérigraphie est « une technique d’impression manuelle ou automatique utilisant un écran de soie »1. Elle fut créée en Chine lors de la dynastie des Song (960-1 279) et se diffuse rapidement aux pays voisins. Au XIXème siècle, la sérigraphie se fait connaître aux États-Unis. Lors de la seconde guerre mondiale, les États-Unis utilisent la sérigraphie pour leur communication, ce qui va implanter cette technique en Europe.

Facilement comparable au processus du pochoir, il suffit d’obstruer certaines parties d’un support de soie tendu sur un châssis. L’encre est ensuite étalée à l’aide d’une raclette et répandue sur les parties restées perméables pour marquer le papier. L’important dépôt d’encre utilisé, permet d’obtenir des couleurs vives et résistantes. L’utilisation de différents écrans permet de superposer motifs et couleurs. L’impression de détails trop précis n’est pas possible mais cette technique a le mérite d’être rapide, simple et économique et autorise une production en série. Avec le temps, les supports se diversifient et il est désormais possible de réaliser des sérigraphies sur du bois, du papier, du métal, du verre ou encore du textile…

La sérigraphie en mai-juin 1968

Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-arts de Paris.
Sérigraphie, vers le 19 mai 1968.

Le 14 mai 1968 se déroule la toute première Assemblée générale du mouvement à l’ex-école des Beaux-arts. La première affiche du mouvement « Usines Universités Union » fut réalisée par lithographie (motif tracé sur pierre poreuse). L’importation de la sérigraphie dans la production des affiches de mai-juin 1968 par l’Atelier populaire est attribuée à Guy de Rougemont, un plasticien travaillant dans un atelier de sérigraphie près du Panthéon. Il prend la parole en Assemblée générale et propose une technique plus rapide et moins chère qu’il a découvert outre-atlantique (Oui, oui. La sérigraphie). Les étudiants de l’Assemblée générale lui demandent de ramener le matériel nécessaire afin de les y initier. Dans un entretien avec Laurent Gervereau, Rougemont raconte que : « Le lendemain, j’avais un peu de matériel : un cadre, des raclettes, un peu d’encre. Et nous avons installé le premier écran de sérigraphie dans l’Atelier populaire. Nous tirions les affiches de manière très archaïque, il n’y avait pas d’insolation à l’époque, nous n’avions aucun moyen photo. »2

Les affiches du mouvement ont une esthétique facilement reconnaissable en raison de la simplicité du dessin induite par la technique de la sérigraphie. Rougemont propose des consignes claires : « Faites un dessin simple, facilement contournable avec de la gomme arabique pour boucher la soie, pas de demi teinte, en aplat, et qu’il y ait une couleur par affiche »3. Gérard Fromanger, un peintre et militant de l’époque également interviewé par Gervereau, précise que la lithographie permettait un tirage de trente exemplaires le 19 mai, tandis que la sérigraphie a permis de passer à un tirage de plusieurs milliers d’exemplaires !

 C.

Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-arts de Paris.
Sérigraphie, vers le 18 mai 1968.

  1. http://www.cnrtl.fr/definition/sérigraphie.
  2. GERVEREAU Laurent, « La sérigraphie à l’école des Beaux-Arts. Entretien avec Rougemont », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 11 – 13, 1988.
  3. CAUWET Laurent, Les 100 mots des « Arts déco », Presses Universitaires de France, Paris, 201 7.