La question de la relation entre le droit et l’anarchisme se pose à tout juriste ou étudiant juriste de pensée libertaire.
Car malgré les dires de ses détracteurs, l’anarchie n’est pas un système sans droit. Les libertaires rejettent uniquement le droit étatique, celui qui est imposé par un des « représentants » du peuple. Il faut se poser la question de ce qu’est l’État, je vais retenir une définition simpliste mais qui à l’avantage d’être courte. Un État est une entité qui exerce une domination sur un ensemble d’ individus, qui sont regroupés sur un territoire sur lequel cet État impose les règles qu’ il édicte. Ces règles lui permettent de légitimer son pouvoir. Le droit étatique tend toujours à créer un État fort avec une contrainte coercitive importante. De plus la promiscuité des États et du capitalisme permet à des systèmes fascistes de s’ imposer petit à petit.
Ce droit étatique n’est pas le seul type de droit existant. Le « droit choisi » ou droit coutumier est sans doute celui qui correspond le plus à une société libertaire. Les règles découlent des pratiques des individus et s’ instaurent d’elles-mêmes. Le droit coutumier n’a pas à être rédigé, ainsi il peut évoluer en même temps que la société, sans attendre une décennie comme le veux la pratique actuelle du Palais Bourbon.
Dans l’histoire des droits imposés par les États, on remarque l’existence de la volonté de supprimer tout autre type de droit, en imposant des comportements à suivre dans tous les domaines de la vie humaine. Malgré tout, des droits non étatiques perdurent. Prenons l’exemple de la France, il est possible d’écarter certaines lois simplement en en exprimant la volonté (ex : les régimes matrimoniaux).
Un exemple d’un de ces droits non étatiques est rappelé par Thom Holterman qui cite Piotr Kropotkine, dans son livre « L’anarchisme, c’est réglé. Un exposé anarchiste sur le droit ». En Hollande la gestion des routes et des canaux est organisée par les guildes et les syndicats qui s’organisent entre eux pour aménager la circulation jusqu’aux pays voisins.
Actuellement, certains peuples se trouvent dans des situations concrètes, assez proches du modèle libertaire. C’est le cas lorsque l’État est faible, et ne parvient plus à exercer de contrainte sur ses « citoyens », dans ce cas les zones d’autonomie temporaires, ou les zones à défendre, sont organisées sur des principes plus ou moins proches de l’anarchisme. Toutes ces situations peuvent permettre de créer un modèle de droit libertaire.
L’ inspiration peut tout aussi bien venir de société dites segmentaires qui sont caractérisées par une absence de gouvernement central et par l’absence de moyen, de contrainte à l’égard de la population. Ces sociétés existaient principalement dans l’Afrique pré-coloniale.
Les pensées anarchiste et juridique ne sont pas opposées. Et le droit dans sa forme dominante actuelle, n’est pas le seul à pouvoir exister, un droit libertaire est possible.
B.