Concept féministe anglo-saxon, l’intersectionnalité désigne la combinaison du sexe, de la race et de la classe appréhendés comme des rapports de domination. Si la notion continue à faire débat dans l’espace universitaire en France[1], elle fait pourtant recette dans nombre d’organisations militantes au nom du sacro-saint principe de non-hiérarchisation des luttes. Elle y opère tout autant comme instrument dans le jeu de la manipulation des identités pour l’accès au porte-parolat légitime que comme posture morale. En effet, la confession de ses « privilèges » – l’autocritique communiste, un modèle ? – et la dénonciation machinale de ceux des autres participent pleinement des luttes pour l’exercice du pouvoir interne.