Août 2014 : enfin les vacances ! Voyager, sortir des frontières,découvrir d’autres régions du monde, aller à la rencontre d’autres peuples, se dépayser. Et par chance, aujourd’hui, prendre l’avion, connaître une fois de plus le bonheur de passer à travers les nuages pour se retrouver très haut dans le ciel, où il y a toujours du soleil.
Une joie un peu gâchée par la campagne de pub « Dans le futur », de la banque HSBC, qui défigure depuis deux ans déjà les couloirs du terminal 2 de l’aéroport de Roissy. Je les avais oubliées, mais impossible d’y échapper, ces maudites affiches sont partout… « Dans le futur, chaîne alimentaire et chaîne d’approvisionnement ne feront qu’une » légende une photo de poisson… tatoué d’une code-barres. « Dans le futur, tous les déchets seront source d’énergie », est écrit au-dessus d’éoliennes faites… d’épluchures de banane. « Dans le futur, l’éducation pourrait être votre meilleure source d’investissement », est un manifeste pour la privatisation de l’enseignement.
Un véritable concentré de propagande néolibérale. Qui regorge, qui plus est, et en toute logique, de stéréotypes : « Un jour, tous les marchés auront émergé » accompagne trois poupées russes de types raciaux différents… mais sans femmes noires. « Dans le futur, la succession s’organisera dès la naissance » est illustré par une paire de chaussons pour nourrissons… masculins et riches, leur modèle étant celui de coûteuses chaussures d’hommes d’affaires…
Durant l’attente en porte d’embarquement, je me demande dans un premier temps dans quel cerveau malade sont nés ces slogans et ces images. Mais non, ils sont justement l’expression évidente de leurs commanditaires.
Je ne peux m’empêcher de penser que la grande escroquerie du capitalisme a été de faire croire que les idéologies étaient mortes, à commencer par les utopies progressistes, toutes soupçonnées de porter en leur sein la graine du totalitarisme.Le vrai tour de passe-passe a été d’y substituer un véritable programme idéologique (et totalisant, sinon totalitaire) sous couvert de pragmatisme, en récupérant le moindre élan de contestation dans l’industrie culturelle. Dans l’aéroport, où nous sommes tous contrôlés et sur6veillés à chaque point de passage, il apparaît clairement que cette liberté de circulation ne concerne que les capitaux. La mondialisation contre l’internationalisme. Deux courants de pensée pour lesquels la nécessité de voyager repose sur des motivations radicalement différentes.
Et les affiches suivent les passagers jusqu’à l’intérieur de la passerelle qui mène à l’avion… Je songe à une contre-campagne avec des têtes de mort ornées de code-barres avec un slogan au-tour de la supposée fin de l’histoire, parce que le futur qu’HSBC prépare n’est autre que celui de la guerre et de la barbarie. Un sentiment d’impuissance me gagne face à l’effet normatif de cette campagne. Enfin dans l’appareil, mieux vaut,pour l’heure, laisser tout ça derrière soi : il est grand temps de décoller, de reprendre des forces,et de s’enrichir humainement…
La vision de mille vaches sans prairie persiste, tandis que le train des idées illusoires de la gauche tourne en rond entre retour au protectionnisme, nationalisation des banques, allocation universelle sous-tendue par la croissance présupposée incessante du PIB…
Loin de ces visions sophistiquées et audacieusement téméraires, il est possible d’affirmer que la re-définition du travail (« moyen de » ou fin en soi) est un enjeu social majeur et que cette affaire est largement évacuée par la plupart des formations politiques actuelles, qu’elles soient partisanes, syndicales ou associatives. Continuer la lecture
Le numéro 2 spécial 1er Mai du POING, apériodique libertaire d’Amiens et d’ailleurs, est disponible, ici en pdf, et en papier sur demande.
Il aura suffit d’une élection municipale pour consacrer le tramway et en faire un serpent de mer du débat public amiénois. Passera-t-il ou ne passera-t-il pas ?
Alternative à la voiture et à la pollution de l’air pour certains, gouffre financier et projet inutile pour d’autres, le tramway a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps dans notre cité. Continuer la lecture
En 2008, au gré d’une alternance politique, la ville d’Amiens a mis en place un dispositif portant le doux nom de « Balades urbaines », c’est beau, ça sonne comme dans un film de Disney. Et puis, pour faire venir les badauds, la ville d’Amiens communique en distribuant dans toutes les boîtes aux lettres, un joli carton d’invitation imprimé en couleur sur papier glacé (C’est vrai qu’en ce moment, pourquoi faire des économies ? Allons ! Allons ! Ne sombrons pas dans la morosité !).
Bref, le principe est simple : une « balade » pour un secteur de la ville, le samedi matin, une fois par mois, réunissant des élus, des techniciens, et surtout des habitants qui sont invités à « participer » en donnant leurs avis. Sur le papier, c’est le monde idéal, les oiseaux chantent et le soleil brille !
La réalité et les buts sont bien différents. Ces balades sont l’occasion pour les élus amiénois d’exposer les projets et les futures réalisations en chantier pour la ville, et c’est bien ça le hic !
Tous ces projets sont déjà dans les tuyaux depuis belle lurette, et à grands frais : des milliers d’euros dépensés en études de faisabilité, projets d’Architectes, aménagements de la voirie et autres propositions de cabinets d’expertise.
Mais arrêtons-nous un instant : imaginons Monsieur Machin, habitant du quartier de la gare, qui lors de la visite, critique le projet de réaménagement du boulevard Jules Barni. Pouvons-nous penser réellement que sa participation va être prise en compte ? Que tout va être remis en question même si Monsieur Machin a fait des petit set que maintenant ils sont plusieurs centaines à s’opposer au projet ? C’est une vaste plaisanterie !
L’objectif est tout autre, et funestement électoraliste. Les élus au pouvoir nous jouent de la mandoline quand ils nous font croire que notre « avis » pèse. Légalement, ces consultations n’ont absolument aucune valeur. Tout le monde peut gueuler contre un projet, et les élus s’en laver les mains (Mais pourquoi, à ce moment précis, je pense à une verrière ? Hum, bizarre…).
Ces balades ne sont qu’un support pour servir la communication politique des élus au pouvoir (Mais oui, vous savez, les gens de la gauche « dure », celle bardée de bons sentiments mais qui trouve que le capitalisme, ce n’est pas si mal et que ça a même ses bons côtés – quand on est du bon.).
Cette gauche là nous joue la carte de la « démocratie participative » c’est tendance, c’est fashion et ça permet de redorer le blason d’une élite politique en rupture d’idées (Il faut bien marquer une différence avec la droite). En gros,on nous dit : « Si ! Si ! Venez participer, dites-nous ce que vous en pensez ! Voyez à quel point nous aimons la démocratie, à quel point nous nous intéressons à la population ! » Mon cul !
Dans cette idée là de la démocratie, on ne fait que fabriquer du consentement. La démocratie participative n’est que l’un des nouveaux et « plus doux » visages de la domination.
Tout comme Jean Ferrat qui chantait « en groupe, en ligue, en procession », je suis de ceux qui manifestent. Je descends dans la rue quand j’en ai l’occasion. Plus jeune, je n’avais pas la « chance » d’appartenir à une organisation politique. Alors, en libertaire que j’étais, c’est-à-dire deux bons tiers anar et un petit tiers nihiliste, je cherchais vaguement un drapeau noir dans les manifs, et ne reprenait que rarement les slogans. C’est peut-être bête mais entendre des cortèges entiers entonner « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! » me fait penser aux supporters de foot et leur « Allez, allez, allez… ».
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Comme une odeur de soufre
1932. Une bombe explose dans le vieux corridor de la littérature, l’ébranle. Un manuscrit bien singulier, épais comme l’épiderme d’un pachyderme, et dont les pages sont attachées cahin-caha par quelques pinces à linge, tombe sur le bureau d’Eugène Denoël. Voyage au bout de la nuit . Pas de nom, pas d’adresse, juste un style, un style… éruptif ? tempétueux ? Innommable. C’est une âme torturée qui hante ces pages, qui crie sa détresse, qui a mal aux autres, une âme bénie, une âme maudite jusqu’à la fin des temps. Louis-Ferdinand Destouches, voilà le coupable. Le rejeton de Marguerite Guillou et Fernand Destouches pousse son premier vagissement à Courbevoie, au bord de la Seine, le 27 mai 1894. Continuer la lecture
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Thème de Anders Noren